Rémi Nicolas - BP REA 2023-2024Peux-tu te présenter ? D’où viens-tu ? Quel est ton parcours ?

Je m’appelle Rémi NICOLAS, je viens de Grenoble. J’ai une formation d’ingénieur en génie chimique que j’ai complété avec une année de spécialisation dans l’énergie, plus précisément dans le gaz naturel. Après mes études, j’ai travaillé dans l’entreprise Air Liquide, basée à Grenoble, qui est un groupe industriel d’envergure internationale spécialiste des gaz industriels pour l’industrie, la santé, l’environnement et la recherche. J’occupais un poste de responsable produit, d’abord dans le biogaz, puis dans l’hélium. Dans mon équipe, on travaillait sur des applications à très basse température. Je travaillais sur le développement de systèmes de de liquéfaction d’hélium et de méthane, à -270°C pour l’hélium et -160°C pour le méthane. Par exemple, pour le biogaz, on avait des clients qui avaient des digesteurs. Les digesteurs produisent du biométhane qui est impur. Notre mission était de proposer des solutions d’épuration et de liquéfaction. Il y a trois options quand on produit du biogaz : faire de l’électricité et de la chaleur en brûlant le biogaz, le comprimer et l’injecter dans un réseau. S’il n’y a pas de réseau, il est possible de le liquéfier pour faire un carburant d’origine renouvelable, notamment pour des bus ou des camions.

J’ai travaillé sur ces missions pendant 7 ans et cela fait maintenant 2/3 ans que je me questionne sur ce que j’ai envie de faire. Le COVID étant passé par là, cela a remis en question beaucoup de choses pour beaucoup de gens. J’ai de la famille dans le milieu agricole. Mes grands-parents étaient agriculteurs en Indre-et-Loire, mon oncle et ma tante également, et j’ai passé du temps dans leur ferme pendant les vacances scolaires. Ces dernières années, je me suis questionné sur mon avenir professionnel et j’en suis arrivé à la conclusion que c’est un domaine qui me plaît et dans lequel j’ai envie de travailler. Une des choses que je n’aimais plus dans mon travail, c’était la sédentarité. Je sentais que j’avais besoin d’une activité un peu plus physique, où je pouvais travailler dehors. En fait, c’est un domaine qui m’a toujours intéressé, mais comme j’étais assez doué à l’école, on m’a plutôt incité à faire des études, mais finalement l’agriculture m’a rattrapé.

J’ai notamment eu un déclic avec une collègue d’Air liquide qui m’a annoncé qu’elle faisait une reconversion et qu’elle se lançait en BPREA dans le Jura pour faire paysanne boulangère. Je me posais des questions aussi sur une reconversion et je me suis rendu compte que c’était possible, qu’il fallait juste se lancer. Elle m’a parlé de l’organisme Transitions pro qui permet de sécuriser la démarche financièrement. Je me suis ensuite renseigné sur une formation pour obtenir un BPREA et je me suis inscrit au CFPPA pour la rentrée suivante.

Comment as-tu connu le CFPPA d’Aurillac ?

J’ai regardé les différents sites de formation et en parallèle j’ai défini plus précisément ce que j’avais envie de faire. Mon projet est de m’installer en élevage bovin lait avec un atelier de transformation et de la vente directe pour augmenter la prise de valeur sur les produits. Le CFPPA le plus proche avec la possibilité de faire un BPREA était celui de La Motte-Servolex, près de Chambéry, mais cela impliquait de devoir déménager de Grenoble et dans un secteur géographique où les loyers sont assez onéreux. Au cours de mes démarches, j’ai discuté avec beaucoup de personnes qui m’ont parlé du CFPPA d’Aurillac en tant que référence dans le milieu de la transformation fromagère et j’ai donc décidé de m’inscrire ici. Au préalable, j’ai rencontré Philippe MANHES qui m’a proposé de venir voir les installations. La plus grosse difficulté a été le dossier Transitions pro qui est assez conséquent.

Comment se passe ta formation ? Est-ce que cela correspond à tes besoins par rapport à ton projet ?

La formation se passe très bien. D’un point de vue pédagogique, je suis satisfait de pouvoir rentrer dans le vif du sujet sur des choses qui m’intéressent et sur lesquelles je réfléchis depuis plusieurs années. J’ai le sentiment de concrétiser enfin ma reconversion. En novembre, on a par exemple réalisé l’UCARE Transformation laitière pour comprendre les technologies fromagères. Cela me permet d’avoir déjà un bon apport théorique et pratique sur le sujet du fromage.

Où réalises-tu tes périodes de stage en entreprise ?

Je suis en stage à Herbeys en Isère au sein d’une ferme en élevage bovin lait qui a 45 vaches de race Montbéliarde et qui transforme la totalité de la production laitière. C’est un collectif de 8 associés et 4 salariés, dont 4 fromagers à temps plein. Cette expérience est très enrichissante car on me donne des responsabilités et les tâches à effectuer sont intéressantes. J’apprends beaucoup en termes de transformation laitière car ils fabriquent une gamme de produits qui est très large. Ils font également de la transformation viande et je vais pouvoir m’initier à ces techniques lors de la prochaine période de stage.

Dans le cadre de la formation, on doit réaliser 4 périodes de 2 semaines de stage. Je vais faire les trois premières dans cette ferme et ensuite j’irai dans une autre ferme pour voir un autre type de fonctionnement. La répartition entre centre et stage en entreprise agricole est assez bien équilibrée tout au long de l’année. Ce qui est intéressant aussi avec cette formation, c’est qu’on ne passe pas notre temps assis sur une chaise, on suit des cours aux laboratoires de transformation, on effectue des travaux pratiques par exemple à l’exploitation pédagogique pour faire des profils de sols et, dernièrement, on est parti en voyage d’études dans le Jura pour visiter des exploitations.

Concernant ton projet après la formation, as-tu une idée un peu plus précise de ce que tu as envie de faire ?

J’ai un projet d’installation en collectif agricole sur une ferme diversifiée. J’aimerai faire un atelier d’élevage bovin lait avec transformation de la production en fromage et coupler cette activité avec de la grande culture pour avoir aussi un atelier de transformation qui pourrait se faire avec un paysan meunier boulanger ou bien faire des légumes secs ou de l’huilerie. Dans tous les cas, j’aimerai pouvoir transformer la totalité de la production et faire de la vente directe.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’installer en collectif ?

J’ai fait du woofing où j’avais justement ciblé ce type de système. Du fait de l’expérience familiale, je vois les contraintes liées à l’élevage. Je trouve que l’installation collective permet de lever de nombreuses contraintes liées au fait d’être seul, par exemple de pouvoir alterner les astreintes le week-end. Je trouve que cela permet de travailler dans le milieu agricole, en faisant à la fois de la production et de la transformation, tout en ayant un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. On peut aussi avoir un sentiment de solitude quand on est seul sur une grande exploitation et ce système permet d’avoir du lien et des échanges avec des collègues, ce qui est important pour moi. Je sais qu’il y a des collectifs qui sont en recherche d’associés, souvent sur la partie élevage notamment. Il y a beaucoup d’annonces de fermes collectives en agriculture biologique qui recherchent de nouveaux associés pour développer un atelier d’élevage avec transformation. Avec le BPREA, c’est aussi l’occasion de rencontrer de potentiels futurs associés, on a des projets qui se rejoignent et souvent une vision commune de l’agriculture.

Est-ce que tu sais où tu voudrais t’installer ?

J’ai des préférences personnelles pour le Sud-Ouest, la Corrèze, la Dordogne, mais tout dépendra du collectif. C’est important de ne pas se fixer trop de contraintes dès le départ. Le collectif présente plein d’avantages, mais la contrainte principale, c’est l’humain. Il faut faire attention à cet aspect-là, être conscient que cela peut être une difficulté et essayer de l’anticiper au mieux en ne se posant pas trop de contraintes, en s’alignant sur un projet commun, en définissant des règles de communication et des règles de prise de décision.

Pour l’instant, quel est ton retour d’expérience sur le CFPPA ?

J’apprécie la qualité pédagogique des cours. L’équipe administrative et pédagogique est disponible et à l’écoute. Les infrastructures permettent de disposer de supports intéressants comme la ferme pédagogique ou les laboratoires de transformation lait et viande. Pendant les périodes en centre, je loge ici. Sur la vingtaine d’élèves, on est 5 à loger ici et on a une petite vie de groupe. Je me suis mis à l’escalade en arrivant à Aurillac, on fait du squash aussi et d’autres d’activités. C’est le retour à la vie étudiante !